Homes, les villas modernistes d’Ana Popescu

Ana Popescu aime la lumière chaude des soirs d’été et les reflets de l’astre dans l’eau. Née en Roumanie, elle a passé une partie de son enfance en France avant de suivre des études de gravure et de dessin à l’Université des Arts Appliqués de Vienne. Cosmopolite, la jeune femme situe son travail entre l’art et l’illustration. Sa dernière série Homes nous emmène à des milliers de kilomètres, là où il fait toujours beau et où les piscines sont une promesse de fraîcheur.

Inspirée par l’architecture moderniste, les photographies de Julius Shulman et la bande dessinée, Ana continue son exploration de la couleur et des lignes. Après Life on Mars, sa nouvelle série Homes nous donne envie de prolonger l’été dans ces lieux qui semblent inhabités. Une atmosphère de fin du monde règne dans ces tableaux colorés, ou bien est-ce seulement le rêve d’un éternel été ?

Entre deux coups de pinceaux et trois prises de vues, Ana a accepté de répondre à quelques questions. Rencontre avec une jeune artiste au talent confirmé.

Aurélie / Bonjour Ana, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Ana / J’ai 29 ans et j’ai grandi à Strasbourg. Depuis 2008, j’habite à Vienne où j’ai étudié la gravure et le dessin. Je travaille ici comme artiste et illustratrice freelance depuis 2015.

Aurélie / A quel moment le dessin est-il entré dans ta vie ?

Ana / C’est peut-être une réponse très cliché, mais je ne me souviens pas à quel moment j’ai commencé à dessiner. Cela devait être en maternelle.

Aurélie / Ta série Homes s’inspire de l’architecture moderniste, qu’est-ce qui t’attire dans ce mouvement ?

Ana / J’aime beaucoup les lignes, les formes claires et les couleurs. Cela a commencé pour moi lorsque j’ai vu des images de Palm Springs. C’est finalement la combinaison des formes et des couleurs avec la lumière de ce climat chaud qui m’a fasciné.

Aurélie / On pense beaucoup à David Hockney et ses piscines colorées (rétrospective au Centre Pompidou en ce moment). Mais dans tes tableaux, il n’y a aucune présence humaine, ces villas semblent inhabitées. Est-ce que la frontière entre le rêve et la réalité est un sujet qui t’intéresse ?

Ana / Oui, c’est quelque chose qui m’intéresse. Cela évoque un aspect un peu absurde de monde parallèle. Dans mes tableaux, ce ne sont pas des lieux qui existent, ce sont des combinaisons entre des images trouvées et des inspirations d’ailleurs. Comme il s’agit de lieux que je n’ai pas visités, je n’associe pas la présence humaine directement à eux. Par contre, les éléments d’architecture symbolisent au final la connexion entre l’humain et le lieu.

Aurélie / Dans ta précédente série Life on Mars, il était déjà question de lieux désertiques. Y a-t-il une continuité avec Homes ?

Ana / Oui, en effet il y a une continuité car Life on mars était surtout basée sur des formes et des couleurs. Avec Homes, il y a une évolution : les formes et les couleurs sont utilisées pour représenter des objets que l’on reconnaît, comme une maison, une piscine, une plante, etc… Donc c’est une sorte d’évolution de l’inconnu vers le familier.

Aurélie / De quelle manière travailles-tu ? Fais-tu des croquis et des recherches en amont ?

Ana / Je ne fais en général pas vraiment de croquis, le travail préliminaire se passe plutôt dans ma tête. Ensuite, je fais un dessin rapide sur une feuille pour situer les différents éléments, et après je commence directement à peindre.

Par contre je fais beaucoup de recherches, sur internet ou bien dans mes propres archives photos. Je prends en général les choses qui m’interpellent en photo. Au final, au lieu de faire des croquis, je passe mon temps à réfléchir.

Aurélie / En quoi le fait d’utiliser de la peinture acrylique modifie ton rapport aux couleurs et aux lignes ?

Ana / Avant je n’utilisais pas la couleur, je travaillais essentiellement en noir et blanc. J’ai commencé d’abord avec des feutres, puis des crayons de couleurs, et je suis arrivée à la peinture acrylique. Cette dernière me permet de représenter des couleurs beaucoup plus vives et variées, de faire des strates ou mélanger les teintes, ce qui n’est pas possible avec le feutre. L’autre avantage de l’acrylique, c’est sa rapidité de séchage !

Aurélie / Tu vis à Vienne, une ville qui a attiré de nombreux artistes au fil des décennies, en quoi cette ville est-elle stimulante pour créer ?

Ana / Vienne est extrêmement agréable car c’est une grande ville qui bouge beaucoup, avec une offre culturelle assez vaste. L’histoire de Vienne est aussi culturellement intéressante car beaucoup d’artistes et d’intellectuels importants ont vécu ici vers 1900.

D’un autre côté, ce n’est pas du tout une ville stressante. Il est très facile de trouver des endroits calmes et des lieux reposants.

Quelques questions sur Vienne :

 Le meilleur café ?

Café Bräunerhof en plein coeur du 1er arrondissement. Très calme, on peut y lire beaucoup de journaux étrangers.

Le meilleur endroit pour boire un verre entre amis ?

C’est difficile de choisir, je vais dire Schadekgasse, le bar où je travaillais il y a quelques années. Très petit, on peut encore fumer à l’intérieur, et la terrasse offre une vue imprenable sur un bunker datant de la deuxième guerre mondiale.

Un lieu inspirant ?

Karlsplatz avec la Karlskirche le soir en été avec une magnifique fontaine juste en face. Quand le soleil se couche, la lumière est sublime !

Retrouvez les œuvres d’Ana ici, et son compte Instagram .